mercredi 23 novembre 2011

"Une Herbe pousse" de Michel Arnaudiès - Une perception poétique de la condition humaine

Depuis de nombreuses années, Michel Arnaudiès conjugue sa passion pour la peinture, l'illustration de livres d'artistes et l'écriture, avec des romans tels Le Tisonnier (Trabucaire), La Bastide sur Mer (Balzac éditeur) et aujourd'hui Une Herbe pousse que vient de publier Balzac Editeur.
Une Herbe pousse se veut, au premier abord volontairement décousu, avec une trame policière et des protagonistes typiques des personnages romanesques de Michel Arnaudiès, la tête dans les nuages, profondément terriens, à moitié poètes, peintres ou musicologues. S'ils s'éloignent de toute forme de réalité, « ils » se mesurent au quotidien d'une petite ville, blottie aux pieds des Pyrénées naissantes, qui, comme Don Juan, joue sur la séduction (Céret ?) avec ses rumeurs, ses faits divers (un meurtre) tout en essayant de s'en échapper!
Dans Une herbe pousse l'auteur laisse la place à la perception poétique de la condition humaine et à la place que chacun d'entre nous occupe dans son environnement immédiat.
Michel Arnaudiès est un de ces hommes discrets qui aura durant ce dernier quart de siècle défendu le mieux la culture catalane et l'expression artistique en Pays Catalan. De la mairie de Céret où il géra durant de très nombreuses années la culture au musée d'Art moderne dont il présida là aussi fort longuement Les amis du Musée, Michel Arnaudiès est un des hommes qui a apporté sa pierre à la promotion de la culture catalane dont il est issu.
Artiste peintre, très tôt Michel Arnaudiès s'est intéressé à l'art moderne et contemporain et, dès 1975, le Musée d'Art Moderne de Céret lui consacrera sa première grande exposition. Sa peinture, à la fois poétique et engagée, s'inscrit – souvent pour le dénoncer – dans le temps social et économique présent, tout comme aujourd'hui son œuvre littéraire.
Ci-joint un court extrait de "Une Herbe pousse"
« Il a fini d'arracher l'herbe autour de chaque cep de vigne, un peu fatigué, il s'est assis sur le talus. Son regard, comme au ralenti s'est posé lentement sur les choses. Il a vu, dans le fossé, les premières fleurs de coquelicots, les premiers boutons de marguerites sauvages, les roseaux sous le vent. Il y eut un grand silence dans sa tête. Il a deviné le bonheur qu'il y avait à sentir et à voir le paysage autour de lui. Il a deviné, mélancolique mais sans tristesse, qu'un jour, il ne verrait plus rien de cela. Il a deviné que sonpère un jour, avait vu cela, de ce même lieu et qu'il n'était plus là, et que d'autres aussi étaient passés. Parce qu'il avait fait taire dans son cœur la passion, il a senti monter en lui un amour immense pour cet espace, et cet amour, pour la première fois peut-être, allait aussi vers tous les êtres proches qu'il côtoyait dans sa vie de tous les jours. »